Une belle histoire

Publié le par FD

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Nous avons tous en tête des images assez tristes en rapport avec l'adoption. Des images du Québec, de la France des années 50-60-70-80... Des souvenirs d'adoption internationale datant des années 80-90... Des images qui heurtaient d'autant plus notre imaginaire, que nous comprenions mal les codes du pays d'où provenaient ces images. 

Enfants des services sociaux. Enfants Amérindiens. Enfants de la DASS. Enfants d'Asie. Enfants d'Afrique. Enfants d'Amérique du Sud. À sauver. Par de gentilles familles blanches désirant faire un geste altruiste.

Arrivé dans sa nouvelle famille armée des meilleures intentions, le petit était « reprogrammé » afin de rencontrer les valeurs et les attentes de sa nouvelle famille. Un rite de passage, d'acceptation pour la nouvelle famille. Une manière de contrer le mauvais sort.

L’histoire universelle de l’adoption à heureusement évoluée depuis 15 ans. Et c’est en fait nous-mêmes, qu’il faut reprogrammer afin d’entrevoir les choses autrement. Pas les enfants!

Et si je vous faisais voir la situation de manière nouvelle... De manière plus actuelle? On y va (attention kleenex)! 

Sibo. Notre petit prince. Notre fils, pas de notre sang. Notre fils de cœur, encore plus fort pour nous. Ce n’est pas un sauvetage. Ce n’est pas un geste altruiste. C’est une nouvelle famille formée autrement. 

Sibo est le fils biologique d'une femme et d'un homme en Chine. Pour avoir fait un si beau bébé, il doivent eux aussi être beaux. Sibo ne ressemble pas à un Han, l’ethnie majoritaire en Chine… Il est peut-être Tujia, Miao, Hui ou Yi. Nous pouvons imaginer que ses parents viennent des montagnes berçant le majestueux fleuve Yangzi et qu’ils ont tenté leur chance à Chongqing pour trouver du travail, pour faire quelques sous, pour aider leur famille restée à la campagne. Ils doivent être jeunes pour avoir tenté cette grande aventure. Mais seulement la vie à la ville s’avère difficile, ils ne l’imaginaient peut-être pas comme ça. Chongqing est en pleine explosion économique et les changements sont si rapides que les structures sociales ont peine à suivre. Donc ils vivent à 10 dans un logement pouvant décemment ne contenir que 2-3 personnes. Ils travaillent à un rythme effréné. Courageusement 14 à 18 heures par jour. Ils ont 1 journée de congé par 2-3 semaines. Et les semaines se suivent et se ressemblent sans une minute pour vraiment penser à soi. Ils gagnent un peu de sous, assez pour bien se nourrir et participer aux repas collectifs et envoyer le reste à leur famille qui en a bien besoin, elle aussi.

Et un jour, il y a la joie d’apprendre qu’on attend un bébé. De nouvelles perspectives d’avenir heureux s’ouvrent devant eux, l’espoir renait. Tout, autour de la maman de Sibo est organisé pour qu’elle soit bien, même à son travail on a fait attention à elle afin qu’elle soit sereine jusqu’à la naissance de son bébé. C’est comme ça en Chine, on fait attention aux enfants! On aime fondamentalement les enfants! On ne pouvait espérer meilleure maman chinoise pour Sibo puisqu’à l’analyse de ses examens sanguins, on s’aperçoit qu’il n’a manqué ni de vitamines, ni de minéraux, ni de soins et qu’il devait peser 3,5 kg à la naissance! Un beau gros garçon en santé! 

Et c’est au moment de la naissance de leur petit garçon que la réalité rattrape la maman et le papa. La structure sociale dans laquelle ils évoluent ne leur permet pas de bien s’occuper de leur petit bébé. Sa maman va rester avec lui les premiers jours de sa vie pour le nourrir, le soigner, le cajoler le temps qu’il faut pour qu’il soit bien fort. Pendant peut-être 15 jours. L’abandon d’enfant est interdite par la loi en Chine. Mais afin que Sibo soit accueilli par les services sociaux chinois, il faut faire en sorte qu’ils le trouvent. Donc au point du jour, lorsqu’il n’y a personne dans les rues de Fengdu, les parents de Sibo se lèvent et mettent à Sibo ses plus jolis habits, une petite combinaison jaune et en serrant leur petit garçon dans leur bras très fort, vont jusqu’au seuil de l’orphelinat de Fengdu. Il l’enveloppent bien afin qu’il n’ait pas froid et le dépose devant la porte. Ils se cachent afin de ne pas être vus mais afin de voir et d’être certains qu’on trouvera leur précieux petit garçon. 

En arrivant à son travail le 17 novembre 2009 ce matin là, l’employé de l’orphelinat SHENG Li Bo trouve le petit Sibo et avertit le directeur de l’orphelinat, M. CAO Qibi. À ce moment là, tout est mis en œuvre pour accueillir Sibo afin qu’il vive une vie épanouit à l’orphelinat. Nous pouvons imaginer ses parents tristes, mais soulagés, quitter leur cachette et prendre la direction de leur travail. Ils repasseront souvent devant l’orphelinat dans l’espoir d’apercevoir leur petit garçon ou en ayant une pensée pour lui afin qu’il soit heureux et en espérant qu’une bonne famille l’accueille à son tour pour l’aimer et prendre soin de lui. 

La Chine ne lésinera pas sur les moyens afin d’entourer Sibo des meilleurs soins disponibles. Chaque mois, il rencontre le docteur afin que celui-ci vérifie l’état de son évolution: examen médical, est-il heureux, aime-t-il la musique, les jeux, mange-t-il bien. Il y a autour de lui d’autres enfants de son âge et des nounous, toujours les mêmes, qui s’occupent de lui et de ses petits camarades. Si on compare, c’est beaucoup plus d’actions positives envers les enfants que ce qui est proposé ici au Québec par les services sociaux, où en moyenne avant l’âge de deux ans un enfant vivra dans 3 familles différentes et ne verra le pédiatre qu’une ou deux fois faute de spécialistes! L’orphelinat de Fengdu a consciencieusement documenté tout un dossier sur Sibo afin de faciliter son adoption par une nouvelle famille parce que pour eux c’était important de trouver le plus rapidement possible un nouveau milieu de vie stimulant pour ce beau petit garçon. La Chine fait preuve non seulement d’efficacité, mais aussi de grande tendresse envers ses enfants. Car il ne faut pas oublier : de notre coté, nous avons attendu presque 5 ans mais Sibo lui, n’a pas attendu et il a toujours pu compter sur quelqu’un pour s’occuper de lui et penser à son avenir. 

J’espère qu’après cette lecture vous ne serez plus hantés par des images tristes et que votre imagination vous gratifiera d’images heureuses et positives. J’espère avoir réussi à vous donner une perspective un peu différente. 

La première fois que vous prendrez Sibo dans vos bras, ayez une petite pensée pour ses parents biologiques qui vont penser à lui souvent et espérer qu’il soit heureux. Ayez une petite pensée pour la Chine qui a si bien su prendre soin de lui afin de nous le confier heureux et en bonne santé. 

Merci d’avoir pris le temps de nous lire ce matin! 

D

YugurMiao

Publié dans Avant le départ

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